La gastronomie péruvienne est parmi les plus diversifiées au monde, comme en témoigne le fait qu´elle aurait le plus grand nombre de plats au monde (491) et, selon plusieurs études serait l´équivalente en richesse des cuisines française, créole, chinoise ou amérindienne. Cette richesse vient de trois sources :
La particularité géophysique du pays : plusieurs microclimats se côtoient à la même période, jusqu´à trois récoltes à l´année sur une même parcelle
Le mélange des ethnies et des cultures : exemple typique de la cuisine fusion, les chifas (ou restaurants chinois à la mode péruvienne)
L´adaptation de cultures millénaires à la cuisine moderne.
Grenier du monde
Le Pérou est l´un des pays les plus importants de la planète Terre, par la grande richesse de ses ressources naturelles et sa contribution au bien-être du monde. Sans lui, le monde serait pauvre et famélique. (Antonio Brack Egg, ingénieur agronome, écologue et chercheur péruvien, autorité nationale et internationale en affaires liées à la biodiversité et le commerce biologique. Ce fut le premier titulaire du Ministère de l´environnement péruvien).
Le Pérou est considéré comme le plus grand centre génétique du monde :
– maïs (35 écotypes); tomates (15 espèces); pomme de terre (2301 espèces + 91 sauvages); patates douces (150 variétés); 650 espèces de fruits indigènes; 2000 espèces de poissons (marins et de rivières, numéro 1 dans le monde).
Les Espagnols ont ramené de ce pays ce qui allait devenir la base alimentaire de beaucoup de peuples :
– la pomme de terre: elle servait à alimenter les pourceaux, jusqu´à ce que Parmentier incite à la consommation humaine,
– le maïs, dont il partage l´origine avec toute l´Amérique centrale, la tomate, l´arachide, le piment, le fruit de la passion et bien d´autres choses encore.
Des échanges avec l´Afrique, les conquérants y ont exporté le manioc, la banane, le cacao (il en existe 3 sortes au Pérou) ainsi que les patates douces.
Boissons
– Le pisco, l´alcool national, est une sorte de grappa. Il est protégé internationalement et est fait seulement dans certaines régions du Pérou. Récemment, l´Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle a déclaré que l´appellation Pisco serait réservée à la boisson péruvienne.(Chili et Pérou se battaient pour cette reconnaissance depuis de longues années)
– La chicha, Elle est préparée à base de maïs, plus rarement d´arachide ou de manioc auxquels on ajoute des fruits. La fermentation peut durer de quelques jours à deux mois. La chicha peut alors être très suave (peu d´alcool) à très forte. C´est une boisson apparentée à la bière, d´origine précolombienne. À ne pas confondre avec le masato, fait par les indigènes de la forêt amazonienne, à base de manioc fermenté, parfois mâché.
– la chicha morada, fabriquée à base de maïs violet, l´une des diverses variétés de maïs péruviens. Boisson familiale par excellence, et bon marché, elle est très demandée aux tables de restaurants. Suivant la saison ou la température, elle est bue chaude ou bien très fraîche (éventuellement avec des glaçons aromatisée de jus de citron pressé, de morceaux d´ananas, de cannelle et de clou de girofle..
– Les vins sont issus de vignes d´origines françaises, cultivées dans la région d´Ica. Ceux produits par Tacama sont ainsi de bonne qualité, gagnant souvent des prix internationaux.
– L´Inca Kola, boisson gazeuse jaune à base de hierba luisa (sorte de verveine), sucrée est très populaire au Pérou. (Coca-cola a du s´allier à la marque pour pouvoir s´implanter au Pérou !!)
– Pour l´anecdote, le jus de grenouille, boisson à base de grenouilles et d´autres ingrédients est dite reconstituante et aphrodisiaque que l´on peut trouver dans les juguerias (stand à jus de fruits dans les marchés)
La cuisine péruvienne aujourd´hui
Certains restaurants rivalisent avec les grandes tables internationales (généralement on la retrouve sous le nom de cuisine Novoandina). D´autres restaurants, moins chers, donc plus adaptés aux capacités et aux besoins de la population moyenne, proposent des menus pour 5 soles (un peu plus d´un euro).
La cuisine classique est colorée et rarement pimentée : si le “aji” (ou piment) est un ingrédient de base dans de très nombreux plats, la plupart du temps il est utilisé pour donner du goût, colorer les mets ou les relever, l´équivalent du poivre. L´oignon violet est très présent dans de nombreux plats, souvent cru ou à peine cuit, ou en salade.
Le riz est l´aliment qui accompagne presque tous les plats. Il remplace le pain qui se consomme très rarement pendant les repas. Il en va de même pour la pomme de terre.
Si chaque région garde sa richesse gastronomique, dans la haute gastronomie le mélange des couleurs et des éléments est de mise. La touche innovante des chefs d´aujourd´hui amène une revalorisation des produits péruviens qui n´ont pas eu dans les années passées une visibilité internationale.
Grâce à cette richesse et à cette harmonie des goûts et des aliments, la cuisine péruvienne est régulièrement primée et ses chefs sont régulièrement médaillés.
La gastronomie régionale
La cuisine de Lima
Grand point d´émigration, cette ville a adapté les plats de chaque culture qui l´a abordé. On y trouve la plupart des plats péruviens, issus de métissages indiens, africains, espagnols, français, chinois ou arabes. La cuisine créole est la principale de cette ville cosmopolite.
Cette cuisine créole est d´ailleurs souvent le résultat de tentatives d´imitation de plats de la noblesse espagnole, avec des restes de plats et des ingrédients à portée de main en remplaçant d´autres inaccessibles. Le Tacu-tacu (d´origine afropéruvien est le mélange de restes tels que lentilles, haricots secs,..et riz) et l´aguadito (généralement bouillon de poulet) en sont deux exemples.
Les pâtisseries tels que : les alfajores, les picarones ou l´arroz zambito font partie des richesses culinaires de la capitale.
La cuisine Criolla (créole serait la traduction)
C´est la cuisine péruvienne domestique typique car elle tient de ses origines espagnoles et hispano-américaines.
La cuisine de la selva, ou jungle amazonienne
Elle utilise les ressources naturelles et locales uniques de poissons comme le Paiche (plus gros poisson d´eau douce d´Amérique du sud pouvant atteindre 300kg, le seul à pouvoir se défendre des piranhas!!) ou la “carachama”, ou encore la “toa”; ou des fruits comme le camu camu, un fruit qui contient 40 fois plus de vitamine C que le kiwi, ainsi que l´aguaje, dont on fait de délicieux sorbets et une boisson appelée Aguajina. Bien sûr, on y trouve tous les autres fruits tropicaux comme la mangue, le fruit de la passion ou l´ananas. La principale spécialité est le “Juane”, plat à base de riz, assaisonné d´épices, auquel on ajoute habituellement du poulet, le tout enveloppé dans une feuille de Bijao ou de bananier. On le mange souvent avec du “tacacho”, banane verte bouillie, écrasée et frite.
Du fait de sa biodiversité, la cuisine de la selva regorge de viande comme des espèces de cochons sauvages, diverses variétés de rongeurs, du tatou, des tortues terrestres, du crocodile entre autres. Concernant les viandes, la plus fameuse est la Cecina, viande de porc assaisonnée et fumée qui peut se consommer crue ou cuite.
La cuisine de la Sierra, partie haute des Andes
De par la dureté du terrain, l´alimentation principale reste le maïs, la pomme de terre et autres tubercules tels que l´oca ou l´olluco. La viande consommée dans cette région est celle de l´alpaga, du cochon d´inde, le cuy* en espagnol.
La Pachamanca est un plat typique. On fait un trou dans le sol, on le tapisse de feuilles de bananier, on y fait cuire des viandes et des légumes dans un lit de pierres chauffées à blanc.
La Watya est un autre procédé permettant de cuire des aliments (pommes de terre, oca, patates douce, fèves, bananes à cuire, etc.) dans de la terre chauffée. On construit à même le sol une sorte d´igloo fait de blocs de terre (k´urpas en quechua), de 60 à80 centimètres de diamètre (ou plus grand selon la quantité de convives). Après avoir chauffé la cavité par le feu, on enlève les braises et on y place un lit d´aliments. On fait s´effondrer le four sur les aliments et c´est la chaleur de la terre qui les cuira en leur donnant une saveur particulière.
*Le Cuy ou cobaye commun (cochon d´inde)
Le cuy était un met fort apprécié des anciens péruviens. Des cobayes ont été retrouvés en tant que nourriture dans des tombes au Pérou.
Le cobaye, notamment le Cuy chactado, est toujours un plat réputé dans la cuisine péruvienne où plusieurs millions de cuyes sont consommés annuellement notamment dans des cuyerias. Sa présence dans la culture populaire locale est telle que selon une représentation picturale réalisée dans les cathédrales de Cuzco, Lima et Arequipa le dernier repas ou Cène servi aux apôtres de Jésus est un plat de cobaye. Ces animaux sont utilisés également pour absorber les mauvais esprits lors des rituels de guérisons traditionnelles. Manger du cuy noir guérirait l´arthrite.
Le cuy se mange surtout grillé ou fumé. Sa viande, très faible en gras, est maintenant utilisée et proposée dans la haute cuisine contemporaine.
La cuisine Arequipeña:
Elle est reconnue comme une des plus savoureuses et variées du Pérou, de par sa diversité. Elle compte 194 plats typiques dont 40 entrées, 11 chupes (soupe assez épaisse qui se mange avec cuiller, couteau et fourchette) ou autres soupes, 11 caldos (soupe type bouillon), 70 plats de fond, 51 desserts. C´est une cuisine relativement épicées.
La cuisine Cusqueña
Elle est rythmée par les fêtes religieuses et civiles. Elle intègre des produits comme le blé, le maïs, le quinoa, le chuño (ponte de terre séchée au soleil le jour et gelée la nuit par les froideurs nocturnes), la chalona (viande de brebis salée et séchée au soleil).
La cuisine Norteña
Le climat chaud est propice à la variété de poissons et fruits de mer que l´on retrouve à table. Le chinguirito est une sorte de ceviche de poisson séché et salé. Les amateurs de viande pourront apprécier le ragoût de cabri dont l´élevage est typique de la région.
La cuisine Puneña
Elle se caractérise par la cuisson au feu de bois et l´utilisation de marmites en argile. La truite et l´alpaga sont de consommation courante.
Cultures millénaires
Certaines cultures, faites depuis des millénaires, sont redécouvertes par les autres communautés humaines et sont étudiées attentivement par les scientifiques.
De par leur culture, qualifiée de bio par les Européens, la particularité du sol et du climat ainsi que leurs qualités intrinsèques, de très haute valeur nutritionnelle, ces aliments font partie de l´alimentation du futur: pseudo-céréales pour certaines (quinoa, kañiwa) parce ce qu´y ressemblant sans en être ou vrais tubercules (maca) ou céréales comme la kiwicha connue sous le nom d´amarante.
Certains aliments comme le quinoa, la kiwicha ou la maca sont la nourriture des astronautes. D´autres sont étudiés pour être cultivés dans d´autres pays comme la Nouvelle-Zélande, l´Afrique du Sud ou l´Inde.
Du fait de sa biodiversité, la cuisine de la selva regorge de viande comme des espèces de cochons sauvages, diverses variétés de rongeurs, du tatou, des tortues terrestres, entre autres.
Divers
– Chuño : petites pommes de terre de couleur presque noire, déshydratées par congélation naturelle pendant la nuit et séchage au soleil durant la journée, répétant le procédé pendant une dizaine de jours. Ce processus ancestral dans les Andes permet aux tubercules de se conserver plusieurs années, elles sont réhydratées dans l´eau avant leur utilisation.
– Tunta ou moraya : pommes de terre déshydratées; à la différence du chuño elles ne sont pas exposées au soleil, mais submergées plusieurs jours dans une rivière, ce qui lui fera perdre sa peau et lui donnera une couleur blanche.